Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/488

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se rappela l’admirable page de la Genèse[1] où le mystérieux attrait des deux sexes est expliqué par une fable philosophique d’une divine beauté.

La question des viandes provenant des sacrifices païens est résolue par saint Paul avec un grand bon sens[2]. Les judéo-chrétiens tenaient à ce qu’on s’abstînt absolument de telles viandes, et il paraît qu’il avait été convenu au concile de Jérusalem que tout le monde se les interdirait[3]. Paul est plus large. Selon lui, la circonstance pour un morceau de viande d’avoir fait partie d’une bête immolée est insignifiante. Les faux dieux n’étant rien, la viande qui leur est offerte n’en contracte aucune souillure. On peut donc acheter indistinctement toute viande exposée au marché, sans faire de question sur la provenance de chaque morceau. Une réserve pourtant doit être faite : il y a des consciences scrupuleuses qui prennent cela pour de l’idolâtrie ; or l’homme éclairé doit se guider non-seulement par les principes, mais aussi par la charité. Il doit s’interdire des choses qu’il sait être permises, parce que les faibles en sont scanda-

  1. Gen., ii.
  2. I Cor., viii, 1 et suiv.
  3. Act., xv, 20 ; Apoc., ii, 14-15, 20 ; Justin, Dial. cum Tryph., 35 ; Pseudo-Clém., Recognit., IV, 36 ; Pline, Epist., X, 97 (passim venire victimas)