Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/490

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sons n’ont pas la même conséquence : il ne faut ni refuser d’y aller, ni s’inquiéter de la provenance des viandes ; si l’on vous dit qu’une viande a été sacrifiée aux dieux, et qu’il doive en résulter un scandale, s’abstenir[1]. En général, éviter ce qui peut être une pierre d’achoppement pour le juif, le païen, le chrétien ; subordonner dans la pratique sa liberté à celle d’autrui, tout en maintenant son droit ; en tout, chercher à plaire à tous[2].

« Prenez exemple de moi, continue-t-il ; ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ? Si pour d’autres je ne suis pas apôtre[3], au moins le suis-je pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat, mon apologie contre ceux qui me mettent en cause. N’aurions-nous pas le droit de vivre à vos frais ? N’aurions-nous pas le droit de mener partout avec nous une femme sœur, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? Barnabé et moi, sommes-nous les seuls qui n’aient pas ce droit ? Qui jamais a servi l’État à ses propres frais ? Plante-t-on une vigne pour n’en pas manger le fruit ? Fait-on paître un troupeau sans goûter son lait ?… Nous avons semé chez vous une moisson spirituelle ; serait-ce beaucoup de cueillir quelque chose de votre temporel ? Si d’autres se sont donné ce droit, ne l’aurions-nous pas à

  1. I Cor., x, 27 et suiv.
  2. I Cor., x, 31-33.
  3. Allusion aux attaques des judéo-chrétiens.