Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/491

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plus forte raison ? Eh bien, nous n’en avons pas usé ; nous supportons tout au monde pour ne créer aucun obstacle à l’Évangile du Christ… Notre gloire, en évangélisant, est de prêcher l’Évangile gratis ; c’est de ne pas user des droits que nous aurions au nom de l’Évangile. Étant libre de tous, je me suis fait esclave de tous, pour gagner un plus grand nombre. Je me suis fait juif pour les juifs, afin de gagner les juifs ; à ceux qui étaient sous l’autorité de la Loi, je me suis présenté comme étant sous l’autorité de la Loi (quoique je ne fusse pas sous cette autorité), afin de gagner ceux qui sont sous l’autorité de la Loi. Avec ceux qui ne sont pas sous l’autorité de la Loi, j’ai été sans Loi (quoique je ne fusse pas hors de la vraie loi de Dieu, étant dans la loi de Christ), pour gagner ceux qui sont sans Loi. Pour les faibles, j’ai été faible, afin de gagner les faibles ; j’ai été tout à tous[1], pour sauver les âmes de toutes les manières… Vous savez bien que, dans les courses du stade[2], tous courent, mais qu’un seul reçoit le prix ; courez de façon à atteindre le but. Ceux qui doivent concourir aux jeux pratiquent une abstinence rigoureuse[3], pour recevoir une couronne périssable ; faites de même pour une couronne impérissable. Pour moi, je cours, non comme le coureur qui va sans but ; je me bats, non comme l’athlète au pugilat qui frappe en l’air ; mais je meurtris mon corps et je le rends esclave, de peur qu’après avoir fait le héraut pour les autres, je ne sorte de la lice sans gloire[4]. »

  1. Comp. I Cor., x, 33.
  2. Les jeux isthmiques, bien connus des Corinthiens.
  3. Comp. Horace, Art poét., v. 412.
  4. I Cor., ix, 1 et suiv.