Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/520

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yeux de l’autorité romaine[1]. La foule se dispersa. Paul, qui avait fixé son départ à quelques jours de là, ne voulut pas prolonger cette situation périlleuse. Il résolut de s’éloigner dans le plus bref délai.

Aux termes de la missive qu’il avait envoyée par Titus aux chrétiens de Corinthe, Paul aurait dû tout d’abord s’embarquer pour cette ville[2]. Mais ses perplexités étaient cruelles ; les soucis qu’il avait du côté de l’Achaïe le rendaient indécis. Au dernier moment, il changea encore d’itinéraire. L’heure ne lui parut pas opportune pour aller à Corinthe ; il y fût arrivé mécontent et disposé à sévir[3] ; peut-être sa présence eût-elle provoqué une révolte et un schisme. Il ne savait pas quel effet sa lettre avait produit, et il en était fort inquiet[4]. Il se croyait, d’ailleurs, plus fort de loin que de près ; sa personne imposait peu ; les lettres, au contraire, étaient son triomphe[5] ; en général, les hommes qui ont une certaine timidité aiment mieux écrire que parler. Il préféra donc n’aller à Corinthe qu’après avoir revu Titus, sauf

  1. La province d’Asie, étant sénatoriale, n’avait pas de légion romaine. La police y était en grande partie aux mains des indigènes.
  2. II Cor., i, 15-16.
  3. II Cor., i, 17, 23 ; ii, 1-2.
  4. II Cor., vii, 6 et suiv.
  5. II Cor., x, 1-2, 10-11.