Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/53

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écrira-t-elle à un de ses amis de Paris : « Je vous ai quitté à Paris, partant pour la Lombardie… » ? La conduite de saint Paul, dans toutes ces suppositions, n’est pas moins absurde que son itinéraire. Le voyage de Tychique et d’Artémas en Crète n’est pas justifié. Pourquoi Paul ne donnait-il pas à Apollos une lettre pour Timothée[1] ? Pourquoi se réservait-il de lui écrire par Tychique et Artémas ? Pourquoi ne fixait-il pas dès lors à Tite le terme où il devait venir le rejoindre, puisque ses projets étaient si arrêtés ? Ces voyages de Corinthe à Éphèse, s’effectuant tous par la Crète pour les besoins de l’apologétique, sont bien peu naturels. Paul, en cette hypothèse du voyage épisodique, de quelque façon qu’on en dresse l’itinéraire, donne et retient sans cesse ; il fait des actes qu’il n’épuise pas ; il ne tire de ses démarches qu’une partie de leur fruit, gardant pour de futures occasions ce qu’il pouvait très-bien faire sur-le-champ. Quand il s’agit de ces épîtres, il semble que les lois ordinaires de la vraisemblance et du bon sens sont renversées.

Tous les essais pour faire rentrer les épîtres à Tite et à Timothée dans le cadre de la vie de saint Paul

  1. I Tim., i, 3, suppose que Paul écrit à son disciple pour la première fois depuis son départ d’Éphèse.