Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/532

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La sentence prononcée contre l’incestueux avait été adoucie, ou plutôt Satan, à qui Paul l’avait livré, n’exécuta pas l’arrêt. Le pécheur continua de vivre ; on mit naïvement sur le compte d’une indulgence consentie par l’apôtre ce qui n’était que le simple cours de la nature. On ne le chassa même pas absolument de l’église ; mais on évita les relations avec lui[1]. Titus avait conduit toute cette affaire avec une prudence consommée et aussi habilement que l’eût fait Paul lui-même[2]. L’apôtre n’éprouva jamais de joie plus vive qu’en recevant de telles nouvelles. Durant quelques jours, il ne se posséda point. Il se repentait par moments d’avoir contristé de si bonnes âmes ; puis, en voyant l’effet admirable que sa sévérité avait produit, il nageait dans la joie[3].

Cette joie pourtant n’était pas sans mélange. Ses ennemis étaient loin de céder ; la lettre les avait exaspérés, et ils en faisaient les plus vives critiques. On notait ce qu’elle avait de dur et d’injurieux pour l’Église ; on accusait l’apôtre d’orgueil et de vanterie : « Ses lettres, disait-on, sont sévères et énergiques ; mais sa personne est chétive, et sa parole

  1. II Cor., ii, 6.
  2. Ibid., xii, 18.
  3. Ibid., vii, 8 et suiv.