Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/535

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apôtre, qui tire sa gloire d’eux seuls, fût confondu[1].

Quant à ses ennemis, Paul sait qu’il ne les a pas désarmés. À chaque instant, ce sont de vives et spirituelles allusions à ces gens « qui frelatent[2] la parole de Dieu[3] », surtout à ces lettres de recommandation dont on avait abusé contre lui[4]. Ses ennemis sont de faux apôtres, des ouvriers perfides, qui se déguisent en apôtres du Christ. Satan se métamorphose quelquefois en ange de lumière ; faut-il s’étonner que ses ministres se transforment en ministres de justice ? Leur fin sera en rapport avec leurs œuvres[5]. On prétend qu’il n’a pas connu le Christ. Il n’en convient pas ; car pour lui sa vision du chemin de Damas a été une vraie relation personnelle avec Jésus. Mais, après tout, qu’importe ? Depuis que Christ est mort, tous sont morts avec Christ aux considérations charnelles. Pour lui, il ne connaît plus personne selon la chair. S’il a jamais connu Christ de la sorte, il ne le connaît plus[6]. Qu’on ne le force

  1. II Cor., vii, 14.
  2. Καπηλεύοντες.
  3. II Cor., ii, 17 ; iv, 2.
  4. Ibid., iii, 1 ; v, 12 ; x, 12, 18 ; xii, 11.
  5. Ibid., xi, 13 et suiv.
  6. Ibid., v, 16. Paul paraît faire ici allusion à une époque de sa vie où il prêcha Jésus de la même manière que les apôtres de