Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/538

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ai travaillé, c’est la grâce de Dieu qui a travaillé avec moi[1]

« En rien, je ne pense être resté au-dessous des archiapôtres[2]. Si ma parole est celle d’un homme du peuple, ma science ne l’est pas ; en tout, vous m’avez vu à l’œuvre. Ai-je donc fait une faute, par trop de condescendance, en vous annonçant l’Évangile gratis ? J’ai dépouillé d’autres Églises pour vous, acceptant d’elles l’argent dont j’avais besoin afin de remplir ma mission parmi vous. Pendant mon séjour en votre ville, m’étant trouvé dans la gêne, je ne vous ai pas ennuyés de mes besoins ; des frères venus de Macédoine me donnèrent ce qui me manquait. De la sorte, j’évitai jusqu’au bout de vous être à charge, et je ferai de même à l’avenir. Aussi vrai que la vérité du Christ est en moi, je jure que cette gloire-là ne me sera pas enlevée dans les pays d’Achaïe. Pourquoi ? Parce que je ne vous aime pas ? Ah ! Dieu le sait. Mais cette conduite, je la tiens et je la tiendrai pour ôter tout prétexte à ceux qui ne cherchent qu’un prétexte pour se comparer à moi[3]… »

  1. I Cor., xv, 9-10. Comp. II Cor., iii, 5.
  2. Οἱ ὑπερλίαν ἀπόστολοι ; expression emphatique dont se servaient probablement les émissaires hiérosolymites, et que Paul reprend en ironie. On a supposé que cette expression s’appliquait aux adversaires de Paul à Corinthe, à ceux qu’il appelle plus bas ψευδαπόστολοι. Mais il paraît impossible que dans tout ce passage Paul se compare à des gens aussi inférieurs que ses détracteurs de Corinthe. Comp. I Cor., xv, 10, et II Cor., x, 13 et suiv. À vrai dire, les ψευδαπόστολοι de Corinthe étant les prôneurs de Pierre et des apôtres de Jérusalem, Paul confond jusqu’à un certain point les uns et les autres dans sa réponse.
  3. II Cor., xi, 5-12.