Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/540

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juifs, dangers de la part des gentils, dangers dans les villes, dangers dans le désert, dangers sur mer, dangers de la part des faux frères ; labeurs, fatigues, veilles innombrables, faim, soif, jeûnes, froid, nudité, j’ai tout souffert. Et en dehors de ces accidents, rappellerai-je mes tracasseries quotidiennes, le souci de toutes les Églises ? Qui est infirme sans que je sois infirme ? Qui est scandalisé sans que je sente le feu en moi ?… Je pourrais me glorifier de mes visions, de mes révélations[1]… Mais je ne veux me glorifier que de mes faiblesses,… car c’est dans nos faiblesses que se montre le mieux la force de Christ. C’est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les injures, les nécessités, les persécutions, les angoisses pour Christ, car c’est quand je suis faible selon la chair que je suis fort en Christ.

« Vraiment, je viens de faire l’insensé ; vous m’y avez forcé. J’en aurais été dispensé, si vous aviez bien voulu vous charger de mon apologie auprès de ceux qui m’attaquent. Je ne suis rien ; mais je ne le cède en rien aux archiapôtres. Les signes de l’apôtre, miracles, prodiges, actes de puissance surnaturelle, je vous en ai rendus témoins, sans que ma patience se soit jamais lassée. Qu’avez-vous donc à envier aux autres Églises, si ce n’est que je ne vous ai pas importunés de mes besoins ? Pardonnez-moi cette injustice-là. Voici la troisième fois que je vous annonce ma prochaine arrivée[2]. Cette fois-ci encore, je ne vous importunerai pas ;

  1. Voir les Apôtres, p. 238.
  2. Comp. I Cor., xvi, 5 et suiv. ; II Cor., i, 15 et suiv. Il serait certes plus naturel de supposer que Paul veut dire qu’il a été déjà