Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/542

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à tous que, si je viens à vous une seconde fois, je serai sans pitié, puisqu’il vous plaît de faire l’épreuve de mon pouvoir et de tenter si c’est vraiment le Christ qui parle en moi… Aussi vous ai-je écrit de loin ces choses, pour qu’arrivé près de vous, je n’aie pas à user de sévérité, selon le pouvoir que Dieu m’a donné[1]. »

Paul, on le voit, touchait à ce grand état d’exaltation où vécurent les fondateurs religieux du premier ordre. Son idée ne se séparait pas pour lui de lui-même. La manière dont s’exécutait la collecte pour les pauvres de Jérusalem était à ce moment sa consolation. La Macédoine y mettait un zèle exemplaire. Ces excellentes âmes donnaient avec une joie, un empressement qui ravissaient l’apôtre. Presque tous les membres de la secte avaient souffert en leur petite fortune par le fait d’avoir adhéré à la doctrine nouvelle ; mais leur pauvreté sut trouver du superflu pour une œuvre que l’apôtre désignait comme excellente. Les espérances de Paul furent dépassées ; les fidèles allaient jusqu’aux prières pour que l’apôtre acceptât les petites économies qu’ils faisaient à force de privations. Ils se seraient donnés eux-mêmes, si l’apôtre les eût acceptés[2]. Paul, poussant la délicatesse jusqu’à des raffinements presque exagérés,

  1. II Cor., xi, xii et xiii ; cf. ii, 3.
  2. II Cor., viii, 1-5.