Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/553

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Loi n’importe ; les œuvres n’importent ; le salut ne vient que de Jésus, fils de Dieu, ressuscité d’entre les morts. Jésus, qui, aux yeux de l’école judéo-chrétienne, est un grand prophète, venu pour accomplir la Loi, est aux yeux de Paul une apparition divine, rendant inutile tout ce qui l’a précédé, même la Loi. Jésus et la Loi sont pour Paul deux choses opposées. Ce qu’on accorde à la Loi d’excellence et d’efficacité est un vol fait à Jésus ; rabaisser la Loi, c’est grandir Jésus. Grecs, Juifs, barbares, tous se valent ; les Juifs ont été appelés les premiers, les Grecs ensuite ; tous ne sont sauvés que par la foi en Jésus[1].

Que peut l’homme, en effet, abandonné à lui-même ? Une seule chose, pécher. Et d’abord, en ce qui concerne les païens, le spectacle du monde visible et la loi naturelle écrite en leur cœur auraient dû suffire pour leur révéler le vrai Dieu et leurs devoirs. Par un aveuglement volontaire et inexcusable, ils n’ont pas adoré le Dieu qu’ils connaissaient bien ; ils se sont perdus dans leurs vaines pensées ; leur prétendue philosophie n’a été qu’égarement. Pour les punir, Dieu les a livrés aux vices les plus honteux, aux vices contre la nature. Les juifs ne sont pas plus innocents ; ils ont reçu la Loi, mais ils ne l’ont pas

  1. Rom., i, 2-4, 14-17 ; ii, 9-11. Comparez Ephes., ii et iii.