Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/556

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plier les contraventions, et en donner conscience. C’est la grâce qui, surabondant où avait abondé le délit, a tout effacé, si bien qu’on peut presque dire que, grâce à Jésus, le péché a été un bonheur et n’a servi qu’à mettre en lumière la miséricorde de Dieu[1].

Mais, dira-t-on, péchons alors pour que la grâce surabonde ; faisons le mal pour que le bien en sorte[2]. Voilà, dit Paul, ce qu’on me prête, en faussant ma doctrine. Rien de plus éloigné de ma pensée. Ceux qui ont été baptisés en Christ sont morts au péché, ensevelis avec Christ, pour ressusciter et vivre avec lui, c’est-à-dire pour mener une vie toute nouvelle. Notre « vieil homme », c’est-à-dire l’homme que nous étions avant le baptême, a été crucifié avec Christ. De ce que le chrétien est dégagé de la Loi, il ne suit donc pas qu’il lui soit loisible de pécher. De l’esclavage du péché, il a passé à l’esclavage de la justice ; de la voie de mort, à la voie de vie. Le chrétien d’ailleurs est mort à la Loi ; or la Loi créait le péché. En elle-même, elle était bonne et sainte, mais elle faisait connaître le péché ; elle l’aggravait[3],

    « le premier homme », Adam. Paul crée Ha-adam-ha-aharôn par antithèse.

  1. Rom., iv, 12-21.
  2. Comp. Rom., iii, 5-8.
  3. Comp. I Cor., xv, 56.