Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/609

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Juifs. Il y avait autour du temple des troupes de pauvres gens qui avaient fait des vœux et qui attendaient que quelque riche voulût bien payer pour eux. « Faire tondre un nazir » était un acte de piété, et on cite des occasions où de puissants personnages, en action de grâces d’une faveur signalée du ciel, en firent raser des centaines[1] ; à peu près comme au moyen âge il était méritoire de payer des gens pour faire des pèlerinages et pour entrer dans la vie monastique. Paul, au milieu de la misère qui régnait dans l’Église de Jérusalem, passait pour opulent. On lui demandait de faire acte de riche dévot et de prouver à tous par un fait notoire qu’il était resté fidèle aux pratiques de son pays. Jacques, très-porté vers les observances extérieures, fut probablement l’inspirateur de cette idée bizarre. On se hâtait d’ajouter, du reste, que de telles obligations ne regardaient pas les païens convertis[2]. Il s’agissait seulement de ne pas laisser croire que l’affreux scandale d’un Juif ne pratiquant pas la loi de Moïse fût possible. Si grand était le fanatisme inspiré par la Loi qu’un pareil phénomène eût paru plus extraordinaire

  1. Jos., Ant., XIX, vi, 1 ; Bereschith rabba, c. xci ; Kohéleth rabba, vii, 11 ; Talm. de Jér., Nazir, v, 5 ; Berakoth, vii, 2.
  2. Act., xxi, 25, leçon de Griesbach et du texte reçu.