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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/615

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ne laissaient pas que d’avoir une certaine peur de pareils enragés. Claudius Lysias donna ordre de mener Paul à la tour. La foule ameutée les suivait, proférant des cris de mort. Au pied de l’escalier, la presse était telle, que les soldats furent obligés de prendre Paul dans leurs bras et de le porter. Claudius Lysias essayait en vain de calmer les têtes. Une pensée, assez peu réfléchie, lui vint, ou peut-être lui fut suggérée par des personnes mal informées. Il crut que l’homme qu’il venait d’arrêter était le juif d’Égypte qui, peu de temps auparavant, avait entraîné avec lui dans le désert des milliers de zélotes, leur annonçant qu’il allait réaliser immédiatement le royaume de Dieu[1]. On ne savait ce que l’imposteur était devenu, et, à chaque émeute, on croyait le voir reparaître parmi les agitateurs.

Quand on eut atteint la porte de la tour, Paul s’expliqua en grec avec le tribun et le pria de le laisser parler au peuple. Celui-ci, surpris que le prisonnier sût le grec, et reconnaissant du moins qu’il n’était pas l’Égyptien faux prophète, lui accorda ce qu’il demandait[2]. Paul, alors, debout sur les marches de

  1. Voir les Apôtres, p. 265.
  2. Le doute ici serait permis. L’auteur des Actes cède fréquemment, surtout en ses derniers chapitres, au désir de placer des discours et de prêter à l’apôtre des attitudes oratoires (xvii, 22 ;