Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/616

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l’escalier, fit signe de la main qu’il voulait parler. Le silence s’établit, et, quand on l’entendit parler hébreu (c’est-à-dire syro-chaldaïque), on redoubla d’attention. Paul raconta, dans la forme qui lui était habituelle, l’histoire de sa conversion et de sa vocation. On l’interrompit bientôt ; les cris : « À mort ! à mort ! » recommencèrent ; la fureur était à son comble.

Le tribun commanda de faire entrer le prisonnier dans la citadelle. Il ne comprenait rien à cette affaire ; en soldat brutal et borné, il eut l’idée, pour l’éclaircir, de faire mettre à la question celui qui était la cause de tout le trouble. On se saisit de Paul, et on l’avait déjà étiré sur le poteau pour recevoir les coups de fouet, quand il déclara au centurion qui présidait à la torture qu’il était citoyen romain[1].

    xx, 18 ; xxi, 40 ; xxiii, 1 ; xxiv, 10 ; xxv, 23 ; xxvi, 1). Aucun historien de l’antiquité ne se fait scrupule de prêter ainsi des harangues aux personnages de son histoire.

  1. À Jérusalem, comme à Philippes, Paul laisse exprès les autorités s’enferrer en quelque sorte par ignorance, et ne déclare son titre que quand elles se sont trop avancées. On peut suspecter en ceci un parti pris du narrateur, et on arrive souvent à se demander si l’auteur des Actes, toujours désireux de donner à la secte droit de cité romaine, n’a pas conféré de son autorité à Paul le titre de citoyen romain. Cependant, comme ces deux récits se retrouvent dans les parties où l’auteur a été témoin oculaire, il est permis de voir là une pratique familière à Paul. Les traditions