Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/630

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Par suite du séjour qu’ils firent ainsi en Palestine, les membres les plus intelligents des Églises de Macédoine et d’Asie se trouvèrent en des rapports prolongés avec les Églises de Judée. Luc, en particulier, qui jusque-là n’avait pas quitté sa Macédoine, fut initié aux traditions de Jérusalem. Il fut sans doute vivement frappé de la majesté hiérosolymitaine, et il imagina la possibilité d’une conciliation entre les principes soutenus d’un côté par Paul, de l’autre par les anciens de Jérusalem. Il pensa que ce qu’il y avait de meilleur était d’oublier les torts réciproques, de jeter prudemment un voile sur ces torts, de n’en plus parler. Les idées fondamentales qui devaient présider à la rédaction de son grand écrit furent probablement dès lors arrêtées dans son esprit. Par ces contacts divers, une tradition uniforme s’établissait. Les Évangiles s’élaboraient par une intime communication de tous les partis qui constituaient l’Église. Jésus avait créé l’Église, l’Église le créait à son tour. Ce grand idéal qui allait dominer l’humanité durant des siècles sortait vraiment des entrailles de l’humanité et d’une sorte de concert secret entre tous ceux à qui Jésus avait légué son esprit.

Félix succomba enfin, non sous l’indignation que ses crimes auraient dû produire, mais devant les dif-