Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/656

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de dévots, on ne lui bâtit guère d’églises[1], on ne lui brûle pas de cierges. Son entourage, Titus, Timothée, Phœbé, Lydie, ont peu de place dans le culte public, surtout des Latins[2]. N’a pas de légende qui veut. Pour avoir une légende, il faut avoir parlé au cœur du peuple ; il faut avoir frappé l’imagination. Or, que dit au peuple le salut par la foi, la justification par le sang du Christ ? Paul était trop peu sympathique à la conscience populaire, et aussi peut-être trop bien connu par l’histoire, pour qu’il pût se former autour de sa tête une auréole de fables. Parlez-moi de Pierre, qui fait courber la tête des rois, brise les empires, marche sur l’aspic et le basilic, foule aux pieds le lion et le dragon, tient les clefs du ciel !

La Réforme ouvre pour saint Paul une ère nouvelle de gloire et d’autorité. Le catholicisme lui-même revient, par des études plus étendues que celles du moyen âge, à des vues assez justes sur l’apôtre des gentils. À partir du xvie siècle, le nom de Paul

  1. Le vocable de « saint Pierre et saint Paul » est commun, mais celui de saint Paul seul est assez rare. Saint Pol de Léon, saint Paul de Narbonne sont des saints locaux.
  2. Les récits relatifs à saint Trophime, à saint Crescent, sont moins des légendes que des détorses réfléchies données à l’histoire pour satisfaire la vanité de certaines Églises.