Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/655

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jouèrent auprès de lui que le rôle de secrétaires, de serviteurs, de courriers. Leur respect pour le maître était tel, qu’ils n’osèrent jamais enseigner librement. Quand Paul était avec sa troupe, il existait seul ; tous les autres étaient anéantis ou ne voyaient que par lui[1].

Au iiie, au ive, au ve siècle, Paul grandira singulièrement. Il deviendra le docteur par excellence, le fondateur de la théologie chrétienne. Le vrai président de ces grands conciles grecs qui font de Jésus la clef de voûte d’une métaphysique, c’est l’apôtre Paul. Mais, au moyen âge, surtout en Occident, sa fortune subira une étrange éclipse. Paul ne dira presque rien au cœur des barbares ; hors de Rome, il n’aura pas de légende ; la chrétienté latine ne prononcera guère son nom qu’à la suite de son rival. Saint Paul, au moyen âge, est en quelque sorte perdu dans les rayons de saint Pierre. Pendant que saint Pierre remue le monde, fait trembler et obéir, l’obscur saint Pou joue un rôle secondaire dans la grande poésie chrétienne qui remplit les cathédrales et inspire les chants populaires. Presque personne avant le xvie siècle ne s’appelle de son nom ; il paraît à peine dans les monuments figurés ; il n’a pas

  1. Voir surtout Act., xx, 10 et suiv. ; xxvii, 11, 21 et suiv.