Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/110

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la vie et la parole à des statues, marquant les hommes du caractère de la Bête[1]. C’est peut-être de Balbillus qu’il s’agit ; il faut reconnaître cependant que les prodiges attribués au Faux Prophète par l’Apocalypse ont beaucoup de ressemblance avec les tours d’escamotage que la légende attribue à Simon[2]. L’emblème d’un agneau-dragon, sous lequel le Faux Prophète est désigné dans le même livre[3], convient mieux également à un faux Messie tel qu’était Simon de Gitton qu’à un simple sorcier. D’un autre côté, la légende de Simon précipité du ciel n’est pas sans analogie avec un accident qui arriva dans l’amphithéâtre, sous Néron, à un acteur qui jouait le rôle d’Icare[4]. Le parti arrêté chez l’auteur de l’Apocalypse de s’exprimer en énigmes jette sur tous ces événements beaucoup d’obscurité ; mais on ne se trompe pas en cherchant derrière chaque ligne de ce livre étrange des allusions aux circonstances anecdotiques les plus minutieuses du règne de Néron.

Jamais, du reste, la conscience chrétienne ne fut

  1. Apoc., xiii, 14-17 ; xvi, 13 ; xix, 20.
  2. Récognitions, II, 9 ; Philosophumena, VI, 20 ; Constit. apost., VI, 9.
  3. Apoc., xiii, 11.
  4. Suétone, Néron, 12 ; Dion Chrysostome, Orat. xxi, 9 ; Juvénal, iii, 78-80. Cf. Récognitions, II, 9. Juvénal suppose le faux Icare né en Grèce.