Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/144

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de la vogue dans quelque partie du monde juif. Supposons qu’un homme répondant aux aspirations assez diverses de la démocratie s’élève de nos jours. Ses partisans diraient aux uns : « Vous êtes pour l’organisation du travail ; c’est lui qui est l’organisation du travail ; » aux autres : « Vous êtes pour la morale indépendante ; c’est lui qui est la morale indépendante ; » à d’autres : « Vous êtes pour la coopération ; c’est lui qui est la coopération ; » à d’autres : « Vous êtes pour la solidarité ; c’est lui qui est la solidarité. »

La nouvelle théorie de Paul peut se résumer à peu près ainsi qu’il suit[1] :

Ce monde est le règne des ténèbres, c’est-à-dire de Satan et de sa hiérarchie infernale, laquelle remplit l’atmosphère. Le règne des saints, au contraire, sera le règne de la lumière. Or les saints sont ce qu’ils sont, non par leur propre mérite (avant Christ, tous étaient ennemis de Dieu), mais par l’application que Dieu leur fait des mérites de Jésus-Christ, le fils de son amour. C’est le sang de ce fils, versé sur la croix, qui efface les péchés, réconcilie avec Dieu toute créature et fait régner la paix au ciel et sur la terre. Le Fils est l’image du Dieu invisible, le

  1. Épître aux Colossiens et Épître aux Éphésiens, tout entières.