Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/155

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nouvelle, y trouvait déjà d’habiles interprètes[1]. Un culte d’éons incréés, une théorie très-développée d’anges et de démons[2], le gnosticisme, enfin, avec ses pratiques arbitraires, ses abstractions réalisées, commençait à se produire, et, par ses trompeuses douceurs, minait la foi chrétienne en ses parties les plus vives et les plus essentielles. Il s’y mêlait des renoncements contre nature, un faux goût de l’humiliation, une prétendue austérité refusant son droit à la chair[3], en un mot toutes les aberrations du sens moral qui devaient produire les hérésies phrygiennes du IIe siècle (montanistes, pépuziens, cataphryges), lesquelles se rattachaient elles-mêmes au vieux levain mystique des galles, des corybantes, et dont les derniers survivants sont les derviches de nos jours. La différence des chrétiens d’origine païenne et des chrétiens d’origine juive se marquait ainsi de jour en jour. La mythologie et la métaphysique chrétiennes naissaient dans les Églises de Paul. Sortis de races polythéistes, les païens convertis trouvaient toute simple l’idée d’un Dieu fait homme,

  1. Col., ii, 4, 8.
  2. Col., i, 16 ; ii, 10, 15, 18 ; Eph., i, 21 ; vi, 12. Comp. I Tim., i, 4 ; vi, 20 ; Epiph., hær. xxi, 2 ; Tertullien, Præscr., 33 ; Irénée, I, xxxi, 2.
  3. Col., ii, 18, 22, 23.