sion de la colline Vaticane par ces triomphateurs d’un genre inconnu jusque-là. L’odieux écervelé qui gouvernait le monde ne s’aperçut pas qu’il était le fondateur d’un ordre nouveau, et qu’il signait pour l’avenir une charte, écrite avec du cinabre, dont les effets devaient être revendiqués au bout de dix-huit cents ans. Rome, rendue responsable de tout le sang versé[1], devint comme Babylone une sorte de ville sacramentelle et symbolique. Néron prit, en tout cas, ce jour-là une place de premier ordre dans l’histoire du christianisme. Ce miracle d’horreur, ce prodige de perversité fut pour tous un signe évident. Cent cinquante ans après, Tertullien s’écrie : « Oui, nous sommes fiers que notre mise hors la loi ait été inaugurée par un tel homme ! Quand on a bien appris à le connaître, on comprend que ce qui fut condamné par Néron n’a pu être qu’un grand bien[2]. » Déjà l’idée s’était répandue que la venue du vrai Christ serait précédée de la venue d’une sorte de Christ infernal, qui serait en tout le contraire de Jésus[3]. Il n’y avait plus à douter ; L’Antichrist, le Christ du mal, existait. L’Antichrist, c’était ce monstre à face humaine, composé de
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