Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/345

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Gischala, qui tint la dernière, tomba en novembre ou décembre. Jean de Gischala, qui l’avait défendue avec fureur, se sauva et put gagner la Judée. Vespasien et Titus prirent leurs quartiers d’hiver à Césarée, se préparant à faire l’année suivante le siège de Jérusalem[1].

La grande faiblesse des gouvernements provisoires organisés pour une défense nationale, c’est de ne pouvoir supporter de défaite. Sans cesse minés par les partis avancés, ils tombent le jour où ils ne donnent pas à la foule superficielle ce pour quoi ils ont été proclamés : la victoire. Jean de Gischala et les fugitifs de Galilée, arrivant chaque jour à Jérusalem, la rage dans l’âme, élevaient encore le diapason de fureur où vivait le parti révolutionnaire. Leur respiration était chaude et haletante : « Nous ne sommes pas vaincus, disaient-ils ; mais nous cherchons des postes meilleurs ; pourquoi s’user dans Gischala et des bicoques, quand nous avons la ville mère à défendre ? » — « J’ai vu, disait Jean de Gischala, les machines des Romains voler en éclats contre les murs des villages de Galilée ; à moins qu’ils n’aient des ailes, ils ne franchiront pas les remparts de Jérusalem. » Toute la jeunesse était pour

  1. Jos., B. J., III-IV, ii ; Vita, 65, 74-75 (en faisant très-large la part de la vanité de Josèphe) ; Tacite, Hist., V. 10.