Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/356

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privés de leur chef, Jacques, frère du Seigneur, continuèrent d’abord de mener dans la ville sainte leur vie ascétique, et, serrés autour du temple, d’attendre la grande apparition. Ils avaient avec eux les restes survivants de la famille de Jésus, les fils de Clopas, entourés de la plus grande vénération, même par les Juifs. Tout ce qui arrivait devait leur sembler une évidente confirmation des paroles de Jésus. Que pouvaient être ces convulsions, si ce n’est le commencement de ce qu’on appelait « les douleurs du Messie[1] », les préludes de l’enfantement messianique ? On était persuadé que l’arrivée triomphante du Christ serait précédée de l’entrée en scène d’un grand nombre de faux prophètes[2]. Aux yeux des présidents de la communauté chrétienne, ces faux prophètes furent les chefs des zélotes[3]. On appliqua au temps présent les phrases terribles que Jésus avait souvent à la bouche pour exprimer les fléaux qui doivent annoncer le jugement. Peut-être vit-on s’élever au sein de l’Église quelques illuminés, prétendant parler au nom de Jésus[4] ;

  1. חבלי המשיח, ὠδῖνες. — Πάντα δὲ ταῦτα ἀρχὴ ὠδίνων. Matth., xxiv, 8 ; Marc, xiii, 8.
  2. Matth., xxiv, 4 et suiv. Cf. Matth., vii, 15.
  3. Act., v, 36-37 ; viii, 9-10 ; xxi, 38 ; Jos., Ant., XX, v, 1 ; viii, 6 ; B. J., II, xiii, 5 ; VII, xi.
  4. Matth., xxiv, 4-5, 11, 23-26. La circonstance ἐν ἐρήμῳ (v. 26) semble faire allusion à des séducteurs zélotes.