Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/357

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les anciens leur firent une vive opposition ; ils assurèrent que Jésus avait annoncé la venue de tels séducteurs, et prescrit de se garder d’eux. Cela suffit ; la hiérarchie, déjà forte dans l’Église, l’esprit de docilité, héritage de Jésus, arrêtèrent toutes ces impostures ; le christianisme bénéficiait de la haute habileté avec laquelle il avait su créer une autorité au cœur même d’un mouvement populaire. L’épiscopat naissant (ou, pour mieux dire, le presbytérat) empêchait les grandes aberrations auxquelles n’échappe jamais la conscience des foules, quand elle n’est pas dirigée. On sent dès lors que l’esprit de l’Église dans les choses humaines sera une sorte de bon sens moyen, un instinct conservateur et pratique, une défiance des chimères démocratiques, contrastant étrangement avec l’exaltation de ses principes surnaturels.

Cette sagesse politique des représentants de l’Église de Jérusalem ne fut pas sans mérite. Les zélotes et les chrétiens avaient les mêmes ennemis, savoir les sadducéens, les Beni-Hanan. L’ardente foi des zélotes ne pouvait manquer d’exercer une grande séduction sur l’âme non moins exaltée des judéo-chrétiens. Ces enthousiastes qui entraînaient les foules au désert pour leur révéler le royaume de Dieu ressemblaient beaucoup à Jean-Baptiste et un peu à Jésus. Quelques fidèles, à ce qu’il paraît, s’affilièrent au parti