Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/419

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L’attente et la terreur grandissaient chaque jour ; ce nom, dont la célébrité avait rempli le monde, tournait de nouveau les têtes, et faisait croire que ce qu’on avait vu n’était rien auprès de ce qu’on allait voir.

D’autres faits qui se passèrent en Asie ou dans l’Archipel, et que nous ne pouvons préciser faute de renseignements suffisants[1], augmentèrent encore l’agitation. Un ardent néronien, qui joignait à sa passion politique des prestiges de sorcier, se déclara hautement soit pour l’imposteur de Cythnos, soit pour Néron censé réfugié chez les Parthes. Il forçait apparemment les gens paisibles à reconnaître Néron ; il rétablissait ses statues, obligeait à les honorer ; on serait même par moments tenté de croire qu’une monnaie fut émise au type de Nero redux. Ce qu’il y a de certain, c’est que les chrétiens s’imaginèrent qu’on voulait leur faire adorer la statue de Néron ; la monnaie, tessère[2] ou estampille au nom de « la Bête », « sans laquelle on ne pouvait ni vendre ni

    nas, qui arrive après lui, naviguait encore porteur d’un mandat de Galba, assassiné le 15 janvier. Le faux Néron fut donc jeté à Cythnos au plus tard en janvier 69. Comme ses intrigues en terre ferme furent assez longues, il faut supposer qu’il commença de remuer vers la fin de 68.

  1. Voir ci-après, p. 414 et suiv.
  2. Χάραγμα.