Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/436

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queur je donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, de même que moi aussi j’ai vaincu et me suis assis avec mon père sur son trône. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises !


Quel est ce Jean qui ose se faire l’interprète des mandats célestes, qui parle aux Églises d’Asie avec tant d’autorité, qui se vante d’avoir traversé les mêmes persécutions que ses lecteurs[1] ? C’est ou l’apôtre Jean, ou un homonyme de l’apôtre Jean, ou quelqu’un qui a voulu se faire passer pour l’apôtre Jean. Il est bien peu admissible qu’en l’an 69, du vivant de l’apôtre Jean ou peu après sa mort, quelqu’un ait usurpé son nom sans son consentement pour des conseils et des réprimandes aussi intimes. Parmi les homonymes de l’apôtre, aucun n’aurait non plus osé prendre un tel rôle. Le Presbyteros Johannes, le seul qu’on allègue, s’il a jamais existé, était, à ce qu’il semble, d’une génération postérieure[2]. Sans nier les doutes qui restent sur presque toutes ces questions d’authenticité d’écrits apostoliques, vu le peu de scrupule qu’on se faisait d’attribuer à des apôtres et à de saints personnages les révélations auxquelles on voulait donner de l’autorité[3], nous regardons

  1. Apoc., 1, 9. Cf. i, 2, passage, dont le sens est équivoque.
  2. Papias, dans Eus., H. E., III, 39.
  3. II Thess., ii, 2 ; Apoc., xxii, 18-19. Comparez les livres de