Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/439

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garda toute l’importance que comportait sa petitesse, grâce à son excellent port, formé au centre de l’île par l’isthme qui joint le massif rocheux du nord au massif du sud. Patmos était, selon les habitudes du cabotage d’alors, la première ou la dernière station pour le voyageur qui allait d’Éphèse à Rome ou de Rome à Éphèse. On a tort de la représenter comme un écueil, comme un désert. Patmos fut et redeviendra peut-être une des stations maritimes les plus importantes de l’Archipel ; car elle est à l’embranchement de plusieurs lignes. Si l’Asie renaissait, Patmos serait pour elle quelque chose d’analogue à ce qu’est Syra pour la Grèce moderne, à ce qu’étaient dans l’antiquité Délos et Rhénée parmi les Cyclades, une sorte d’entrepôt en vue de la marine marchande, un point de correspondance utile aux voyageurs.

C’est là probablement ce qui valut à cette petite île le choix d’où est plus tard résultée pour elle une si haute célébrité chrétienne, soit que l’apôtre ait dû

    cle. L’île renferme de nombreux restes anciens, dont quelques-uns d’époque reculée (Guérin, p. 9-15, 85-93 ; Ross, Reise, p 138). Elle paraît avoir eu autrefois plus d’arbres et plus d’eau qu’aujourd’hui. M. Guérin évalue la population de la ville hellénique à douze ou treize mille habitants. L’île avait en outre plusieurs villages, dont le même voyageur évalue la population à trois ou quatre mille âmes.