Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/485

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maintenant l’argent au type de Néron comme ayant cours forcé dans les transactions[1], put paraître avoir fait une énormité ; la monnaie au type de Néron devait couvrir le marché, et ceux qui, par scrupule religieux, refusaient d’y toucher étaient mis comme hors la loi.

Le proconsul d’Asie à ce moment était Fonteius Agrippa, fonctionnaire sérieux[2], à qui il nous est interdit de penser pour sortir de notre embarras. Un grand prêtre d’Asie, zélateur du culte de Rome et d’Auguste[3], et usant pour vexer les juifs et les chrétiens de la délégation du pouvoir civil qui lui était faite, répondrait à quelques-unes des exigences du problème. Mais les traits qui présentent la seconde bête comme un séducteur et un thaumaturge ne conviennent pas à un tel personnage. Ces traits font songer à un faux prophète, à un enchanteur, notamment à Simon le Magicien[4], imitateur du

  1. On remarqua comme une chose singulière (Zonaras, Ann., XI, 16) que Vitellius laissa courir les monnaies au type de Néron, de Galba et d’Othon même.
  2. Waddington, Fastes des prov. asiat., p. 140-141.
  3. Waddington, Incr. de Le Bas, III, no 885.
  4. La légende conduit Simon à Rome sous Néron, et lui fait déployer ses talents magiques sous les yeux de l’empereur. Une aventure qui arriva à l’amphithéâtre du Champ de Mars, en présence de Néron (Suétone, Néron, 12 ; Dion Chrysost., orat. xxi, 9 ; Juvénal, iii, 78-80), rappelle beaucoup la fin tragique attribuée à Simon. Les prodiges prêtés au « Faux Prophète » dans l’Apoca-