Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/570

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pieuse et fort dévouée à sa nation[1], Titus chercha, dit-on, les moyens de conciliation, fit des offres acceptables[2] ; tout fut inutile. Les assiégés ne répon-

  1. Jos., B. J., II, xv, 1 ; xvi, 1, 3. Ces princesses hérodiennes se montrent à nous dans le Talmud et dans Josèphe comme dévotes, portées à faire des vœux et très-attachées au temple (Derenbourg, p. 253, 290, notes). Agrippa aussi paraît avoir été un juif très-exact. Talm. de Bab., Succa, 27 a ; Pesachim, 107 b.
  2. Un doute peut être élevé sur ce point ; car nous verrons Josèphe exalter systématiquement la douceur des Flavius et soutenir que les rigueurs qu’ils ont commises, les malheurs qui ont eu lieu sont venus uniquement de l’opiniâtreté des Juifs (B. J., V, ix ; VI, ii, vi ; cf. VI, iii, 5). Sulpice-Sévère (II, 30), qui paraît ici, comme dans beaucoup d’autres endroits (voir ci-après, p. 511, note), copier des parties aujourd’hui perdues de Tacite, dit tout le contraire : quia nulla neque pacis neque deditionis copia dabatur. Certainement, un parti pris de détruire Jérusalem est plus conforme, chez Titus, et aux règles générales de la politique romaine et à l’intérêt de sa famille, l’intention d’asseoir la dynastie nouvelle sur un exploit éclatant et sur une entrée triomphale dans Rome se montrant chez lui avec évidence. Jérusalem aurait ainsi payé en quelque sorte les frais d’établissement de la dynastie nouvelle. D’un autre côté, il ne faut pas oublier l’influence qu’avaient prise sur son esprit Agrippa, Bérénice et même des personnages de second ordre tels que Josèphe, lesquels pouvaient très-bien faire valoir à ses yeux la reconnaissance qu’auraient les juifs modérés de Rome, d’Alexandrie et de Syrie envers le sauveur du temple. Tacite, ici comme dans l’affaire du conseil de guerre, prête peut-être a priori à Titus un idéal de dureté romaine, conforme aux idées qui avaient prévalu depuis Trajan. Dion Cassius (LXVI, 4 et 5) est tout à fait d’accord avec Josèphe ; mais son témoignage, outre qu’il n’est peut-être