Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/614

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reformer autour de l’élément qui faisait sa force, les desposyni, les membres de la famille de Jésus, les fils de Clopas ; mais elle ne régnera plus. Ce centre de haine et d’exclusion une fois détruit, le rapprochement des partis opposés de l’Église de Jésus deviendra facile. Pierre et Paul seront réconciliés d’office, et la terrible dualité du christianisme naissant cessera d’être une plaie mortelle. Oublié au fond de la Batanée et du Hauran, le petit groupe qui se rattachait aux parents de Jésus, aux Jacques, aux Clopas, devient la secte ébionite, et meurt lentement d’insignifiance et d’infécondité.

La situation ressemblait en bien des choses à celle du catholicisme de nos jours. Aucune communauté religieuse n’a jamais eu plus d’activité intérieure, plus de tendance à émettre hors de son sein des créations originales que le catholicisme depuis soixante ans. Tous ces efforts sont pourtant restés sans résultat pour une seule cause ; cette cause, c’est le règne absolu de la cour de Rome. C’est la cour de Rome qui a chassé de l’Église Lamennais, Hermes, Dœllinger, le P. Hyacinthe, tous les apologistes qui l’avaient défendue avec quelque succès. C’est la cour de Rome qui a désolé et réduit à l’impuissance Lacordaire, Montalembert. C’est la cour de Rome qui, par son Syllabus et son concile, a coupé tout avenir aux catho-