Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/613

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand on voit saint Paul, après tant de mauvais procédés, rester toujours attaché à l’Église de Jérusalem, on conçoit quelles difficultés eût présentées une rupture avec ces saints personnages. Un tel schisme eût été considéré comme une énormité, équivalant à l’abandon du christianisme. La séparation d’avec le judaïsme eût été impossible ; or cette séparation était la condition indispensable de l’existence de la religion nouvelle, comme la section du cordon ombilical est la condition de l’existence d’un être nouveau. La mère allait tuer l’enfant. Le temple, au contraire, une fois détruit, les chrétiens n’y pensent plus ; bientôt même ils le tiendront pour un lieu profane[1] ; Jésus sera tout pour eux.

L’Église de Jérusalem fut du même coup réduite à une importance secondaire. Nous la verrons se

    à l’aumône, et s’envisagent comme devant être nourris par les juifs du monde entier. Leurs quêteurs circulent dans tout l’Orient, et même les riches israélites de l’Europe se regardent comme obligés de subvenir à leurs besoins. Voir Saint Paul, p. 94, 421 et suiv. D’un autre côté, les décisions du grand rabbin de Jérusalem tendent à obtenir une autorité universelle, tandis qu’autrefois les docteurs étaient égaux ou que du moins leur crédit dépendait de leur réputation. De la sorte se formera peut-être dans l’avenir pour le judaïsme un centre doctrinal à Jérusalem.

  1. « Ecclesia Dei jam per totum orbem uberrime germinante, hoc (templum) tanquam effœtum ac vacuum nullique usui bono commodum arbitrio Dei auferendum fuit. » Orose, VII, 9.