Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/72

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ce moment il n’y en avait qu’un[1]. Cette charge capitale était depuis l’an 51 entre les mains du noble Afranius Burrhus[2], qui, un an après, devait expier par une mort pleine de tristesse le crime d’avoir voulu faire le bien en comptant avec le mal. Paul n’eut sans doute aucun rapport direct avec lui. Peut-être cependant la façon humaine dont l’apôtre paraît avoir été traité fut-elle due à l’influence que cet homme juste et vertueux exerçait autour de lui. Paul fut constitué à l’état de custodia militaris, c’est-à-dire confié à un frumentaire prétorien[3], auquel il était enchaîné, mais non d’une façon incommode ou continue. Il eut la permission de vivre dans une pièce louée à ses frais, peut-être dans l’enceinte des castra prætoriana, où tous venaient librement le voir[4]. Il attendit deux ans en cet état l’appel de sa cause. Burrhus mourut en mars 62 ; il fut remplacé par Fenius Rufus et par l’infâme Tigellin, le compagnon de débauches de Néron, l’instrument de ses crimes. Sénèque, à partir de ce

  1. V. Tillemont, Hist. des emp., I, p. 702.
  2. Cf. Jos., Ant., XX, viii, 9.
  3. Act., xxviii, 20. Comp. Saint Paul, p. 536 ; Jos., Ant., XVIII, vi, 7 ; Sénèque, De tranq. animæ, 10. On trouve des frumentaires appartenant à tous les corps [Renier].
  4. Act., xxviii, 16, 17, 20, 23, 30 ; Phil., i, 7, 13, 14, 17, 30 ; Col., iv, 3, 4, 18 ; Eph., ii, 1 ; iii, 1 ; vi, 19-20.