Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/73

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moment, se retire des affaires. Néron n’a plus pour conseils que les Furies.

Les relations de Paul avec les fidèles de Rome avaient commencé, nous l’avons vu, pendant le dernier séjour de l’apôtre à Corinthe. Trois jours après son arrivée, il voulut, comme il en avait l’habitude, se mettre en rapport avec les principaux hakamim. Ce n’est pas au sein de la synagogue que la chrétienté de Rome s’était formée ; c’étaient des croyants débarqués à Ostie ou à Pouzzoles qui en se groupant avaient constitué la première Église de la capitale du monde ; cette Église n’avait presque aucune liaison avec les diverses synagogues de la même ville[1]. L’immensité de Rome et la masse d’étrangers qui s’y rencontraient[2] étaient cause que l’on s’y connaissait peu et que des idées fort opposées pouvaient s’y produire côte à côte sans se toucher. Paul fut donc amené à se comporter selon la règle qu’il suivait, lors de sa première et de sa seconde mission, dans les villes où il apportait le germe de la foi. Il fit prier quelques-uns des chefs de synagogue de venir le

  1. Act., xxviii, 21 et suiv.
  2. La population juive de Rome pouvait être de vingt ou trente mille âmes, en comptant les femmes et les enfants. Jos., Ant., XVII, xi, 1 ; XVIII, iii, 5 ; Tacite, Ann., II, 85. Le passage célèbre du Pro Flacco suppose à peu près le même chiffre.