Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mineure, il rencontrerait, ne fût-ce qu’à cause de la langue, de grandes difficultés. Il savait peut-être un peu de latin[1] ; mais il n’en savait pas assez pour une prédication fructueuse. Le prosélytisme juif et chrétien, au premier siècle, s’exerça peu dans les cités vraiment latines ; il se renferma dans des villes telles que Rome, Pouzzoles, où, par suite des constants arrivages d’Orientaux, le grec était très-répandu. Le programme de Paul était suffisamment rempli ; l’Évangile avait été prêché dans les deux mondes[2] ; il avait atteint, selon les larges images du langage prophétique[3] les extrémités de la terre, toutes les nations qui sont sous le ciel. Ce que Paul rêvait maintenant, c’était de prêcher librement à Rome[4], puis de revenir vers ses Églises de Macédoine et d’Asie[5], et d’attendre patiemment avec elles, dans la prière et l’extase, la venue du Christ.

En somme, peu d’années dans la vie de l’apôtre furent plus heureuses que celles-ci[6]. D’immenses consolations venaient de temps en temps le trouver ;

  1. Le trait rapporté par Dion Cassius, LX, 17, porterait à le croire par induction.
  2. Act., i, 8 ; xxiii, 11 ; Col., i, 23.
  3. Comp. Rom., xv, 19.
  4. Col., iv, 3-4.
  5. Phil., i, 26-27 ; ii, 24 ; Philem., 22.
  6. Phil., i, 7.