Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/106

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vreté[1], mais en même temps juifs très-exacts, mettant le titre d’enfant d’Israël avant tout autre avantage[2]. On les révérait fort et on leur donnait un nom (peut-être maraniin ou moranoïé) dont l’équivalent grec était δεσπόσυνοι. Déjà, depuis longtemps, sans doute même du vivant de Jésus, on avait dû supposer que Jésus descendait de David[3], puisqu’il était reçu que le Messie serait de la race de David. L’admission d’une telle descendance pour[4] Jésus l’impliquait pour sa famille. Ces bonnes gens en étaient fort préoccupés et un peu vaniteux[5]. Nous les voyons sans cesse occupés à construire des généalogies qui rendissent vraisemblable la petite fraude dont la légende chrétienne avait besoin. Quand on était trop embarrassé, on se réfugiait derrière les persécutions d’Hérode, qui, prétendait-on, avait détruit les livres généalogiques. Aucun système arrêté ne prit le dessus à cet égard. Tantôt on soutenait que le travail avait été fait de

  1. Évang. des Hébr., Hilg., p. 16, 17, 25 ; Recognit., II, 29.
  2. Saint Jacques en fut l’idéal. Voir l’épître attribuée à ce dernier. Cf. l’Antechrist, ch. iii.
  3. Voir Vie de Jésus, p. 246 et suiv. En 58, la légende était sûrement déjà formée. Cf. Rom., I, 3 ; Hebr., vii, 14 ; Apoc., v, 5. Notez Marc, x, 47, 48 ; xi, 10.
  4. La préoccupation de la race de David est assez vive vers l’an 100. Talm. de Jér., Kilaïm, ix, 3 (Derenbourg, p. 349).
  5. Φανητιῶντες (Jules Afr., dans Eus., H. E., I, vii, 11).