Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/107

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mémoire, tantôt qu’on avait eu pour le construire des copies des anciennes chroniques. On avouait qu’on avait fait « le mieux qu’on avait pu »[1]. Deux de ces généalogies nous sont parvenues, l’une dans l’Évangile dit de saint Matthieu, l’autre dans l’Évangile de saint Luc, et il paraît qu’aucune d’elles ne satisfaisait les ébionim, puisque leur Évangile ne les contenait pas, et qu’il y eut toujours contre ces généalogies une forte protestation dans les Églises de Syrie[2].

Ce mouvement, tout inoffensif qu’il était en politique, excita des soupçons. Il semble que l’autorité romaine eut plus d’une fois l’œil ouvert sur les descendants vrais ou prétendus de David[3]. Vespasien avait entendu parler des espérances que les Juifs fondaient sur un représentant mystérieux de leur antique race royale[4]. Craignant qu’il n’y eût là un prétexte pour de nouveaux soulèvements, il fit, dit-on, rechercher tous ceux qui semblaient appartenir à cette lignée ou qui s’en targuaient. Cela donna lieu à beaucoup de vexations, qui peut-

  1. Εἰς ὅσον ἐξικνοῦντο. Jules Afr., dans Eus., H. E., I, vii, 14.
  2. Voir Vie de Jésus, p. 250. L’origine royale de Jésus est admise des juifs dès le commencement du IIIe siècle. Talm. de Bab., Sanhédrin, 43 a (cf. Derenbourg, p. 349, note 2).
  3. Voir Vie de Jésus, p. 246-247 (13e édition et suiv.).
  4. Voir l’Antechrist, p. 490 et suiv.