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la tradition grecque, tels que l’anecdote de la femme adultère, qui s’est attachée tant bien que mal au quatrième Évangile, avaient leur place dans l’Évangile hébreu[1].

Les récits des apparitions de Jésus ressuscité offraient évidemment dans cet Évangile un caractère à part. Tandis que la tradition galiléenne, représentée par Matthieu, voulait que Jésus eût donné rendez-vous à ses disciples en Galilée, l’Évangile des Hébreux, sans doute parce qu’il représentait la tradition de l’Église de Jérusalem, supposait que toutes les apparitions eurent lieu dans cette ville, et attribuait la première vision à Jacques. L’une des finales de l’Évangile de Marc et l’Évangile de Luc placent de même toutes les apparitions à Jérusalem[2]. Saint Paul suivait une tradition analogue[3].

Un fait bien remarquable, c’est que Jacques, l’homme de Jérusalem, jouait dans l’Évangile hébreu un rôle plus important que dans la tradition évangélique qui a survécu[4]. Il semble qu’il y a eu chez les évangélistes grecs une sorte de parti pris d’effacer le frère de Jésus ou même de laisser supposer

  1. Eus., H. E., III, xxxix, 16.
  2. Voir les Apôtres, p. 36-37, note.
  3. I Cor., xv, 5-8.
  4. Hilgenfeld, p. 17, 18, 27-28, 29.