Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/160

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mémoire, et sans doute n’apportaient pas avec eux ces ouvrages qui eussent été inintelligibles pour leurs fidèles. Quand la nécessité d’un Évangile en grec se fit sentir, on le composa de toutes pièces. Mais, ainsi que nous l’avons déjà dit, le plan, le cadre, le livre presque entier étaient tracés d’avance. Il n’y avait au fond qu’une seule manière de raconter la vie de Jésus, et deux disciples l’écrivant séparément, l’un à Rome, l’autre à Kokaba, l’un en grec, l’autre en syro-chaldaïque, devaient produire deux ouvrages ayant entre eux beaucoup d’analogies.

Les lignes générales, l’ordre du récit n’étaient plus à fixer. Ce qui était à créer, c’était le style grec, le choix des mots essentiels. L’homme qui fit cette œuvre importante, ce fut Jean-Marc, le disciple, l’interprète de Pierre[1]. Marc, ce semble, avait vu, étant enfant, quelque chose des faits évangéliques ; on peut croire qu’il avait été à Gethsémani[2]. Il connaissait personnellement ceux qui avaient joué un rôle dans le

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édit. et suiv., p. 406 ; les Apôtres, p. 248-249, 278-280 ; Saint Paul, p. 20, 32 ; l’Antechrist, p. 27, 73-74, 98-99, 111-112, 121-122 ; tradition de Presbyteros Joannes, rapportée par Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 15 ; Constit. apost., II, 57. Marc n’eut pas assez d’importance pour qu’on ait cru relever un écrit en le lui attribuant.
  2. C’est probablement le νεανίσκος de Marc, xiv, 51-52. Voir Vie de Jésus, p. 406.