Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/183

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ries avaient eu une grande part à sa fortune, il n’éprouvait sans doute qu’un accès de cette gaieté sceptique qui lui était habituelle.

Les conversions qui portèrent la foi en Jésus si près du trône ne se produisirent probablement que sous le règne de Domitien. L’Église de Rome se reformait lentement. L’inclination que les chrétiens avaient pu éprouver vers l’an 68[1] à fuir une ville sur laquelle allait incessamment tomber le feu de la colère de Dieu, s’était affaiblie. La génération fauchée par les massacres de 64 était remplacée par l’apport continuel que Rome recevait des autres parties de l’empire. Les survivants des massacres de Néron respiraient enfin ; ils s’envisageaient comme dans un petit paradis provisoire, et se comparaient aux Israélites ayant traversé la mer Rouge[2]. La persécution de 64 se présentait à eux comme une mer de sang, où tous avaient failli être suffoqués. Dieu avait interverti les rôles, et, comme à Pharaon, il avait donné à leurs bourreaux du sang à boire[3] ; c’était le sang des guerres civiles, qui, de 68 à 70, avait coulé par torrents.

La liste exacte des anciens presbyteri ou episcopi

  1. Apoc., xviii, 4.
  2. Apoc., xv, 3.
  3. Apoc., xvi, 6.