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de l’Église romaine est inconnue. Pierre, s’il a été à Rome (comme nous le croyons), y occupa une place exceptionnelle, et n’eut sûrement pas de successeur proprement dit. Ce n’est que cent ans après, quand l’épiscopat fut régulièrement constitué, qu’on tint à présenter une liste suivie d’évêques de Rome, successeurs de Pierre[1]. On n’avait de souvenirs précis qu’à partir de Xyste, mort vers 125. L’intervalle entre Xyste et saint Pierre fut rempli avec des noms de presbyteri romains, qui avaient laissé quelque réputation[2].

  1. Hégésippe dressa sa διαδοχή sous Anicet, vers 160 ; elle est perdue ; mais il est probable qu’elle ne différait pas de la liste qui fut classique en Orient ; autrement Eusèbe l’aurait dit. Irénée dressa la sienne sous Éleuthère, vers 180. Eusèbe, saint Épiphane et les Pères vraiment instruits suivent la liste d’Irénée (III, iii, 3) : « Linus, Anenclet, Clément, Évareste, Alexandre, Xyste, etc. » C’est par erreur qu’on a quelquefois transposé Anenclet entre Clément et Évareste. Comme, d’un autre côté, le nom d’Ἀνέγκλητος s’altéra de bonne heure en Κλῆτος (Epiph., hær. xxvii, 6), on fut amené à prendre Clet et Anaclet pour deux personnages, l’un prédécesseur, l’autre successeur de Clément, ce que contredit Caïus, dans Eusèbe, H. E., V, xxviii, 3. Quant à l’opinion, répandue surtout chez les Latins, d’après laquelle Clément aurait été consacré par saint Pierre (Constit. Apost., VII, 46 ; Tertullien Præscr., 32 ; cf. saint Jérôme, De viris ill., 15), elle fut une conséquence des liens que la littérature pseudo-clémentine établit entre Clément et le chef des apôtres. La liste authentique d’Irénée exclut absolument ce système. Les chiffres marquant la durée des pontificats ont été introduits postérieurement. V. Lipsius, Chronologie der römischen Bischöfe, Kiel, 1869.
  2. Irénée, Adv. hær., III, iii, 3.