Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/189

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et la monarchie héréditaire. Toute monarchie aspire à être héréditaire, non-seulement par suite de ce que les démocrates appellent égoïsme de famille, mais parce que la monarchie n’a pour les peuples tous ses avantages qu’avec l’hérédité. L’hérédité, d’un autre côté, est impossible sans le principe germanique de la fidélité. Tous les empereurs romains visèrent à l’hérédité ; mais l’hérédité ne put jamais aller au delà de la deuxième génération, et elle n’amena guère que des conséquences funestes. Le monde ne respira que quand, par suite de circonstances particulières, l’adoption (le système le mieux accommodé au césarisme) l’emporta ; ce ne fut là qu’un hasard heureux ; Marc-Aurèle eut un fils et perdit tout.

Vespasien était uniquement préoccupé de cette question capitale[1]. Titus, son aîné, âgé de trente-neuf ans, n’avait pas d’enfant mâle. Domitien, à vingt-sept ans, n’avait pas non plus de fils. L’ambition de Domitien aurait dû se satisfaire de telles espérances. Titus le déclarait hautement son successeur et se contentait de désirer qu’il épousât sa fille Julia Sabina[2]. Mais la nature s’était livrée dans cette famille, sous tant de rapports favorisée, à un jeu atroce. Domi-

  1. Suétone, Vesp., 23 ; Dion Cassius, LXVI, 12.
  2. Suétone, Domit., 22.