Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/190

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tien était un scélérat auprès duquel Caligula et Néron pouvaient sembler des facétieux. Il ne cachait pas sa prétention de déposséder son père et son frère. Vespasien et Mucien avaient mille peines à l’empêcher de gâter tout.

Comme il arrive aux bonnes natures, Vespasien gagnait chaque jour en vieillissant. Même sa plaisanterie, qui était souvent, faute d’éducation, d’un genre grossier, devenait juste et fine. On vint lui dire qu’une comète s’était montrée au ciel : « C’est le roi des Parthes, répondit-il que cela concerne ; il porte de longs cheveux. » Puis, son état s’aggravant : « Je crois que je deviens dieu », fit-il en souriant. Il s’occupa d’affaires jusqu’à la fin ; et, se sentant défaillir : « Un empereur doit mourir debout », dit-il. Il expira en effet entre les bras de ceux qui le soutenaient[1] ; grand exemple de ferme tenue et de virile attitude au milieu de temps troublés et qui paraissaient presque désespérés ! Les juifs seuls gardèrent son souvenir comme celui d’un monstre, qui avait fait gémir la terre entière sous le poids de sa tyrannie[2]. Il y eut sans doute quelque légende rabbinique sur sa mort ; il mourut dans son lit, avouait-

  1. Suétone, Vesp., 22, 24.
  2. IV Esdr., xi, 32 ; xii, 23-25.