Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/192

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peuple, vomit contre les deux amoureux un torrent d’injures ; on le fouetta. Héras, autre cynique, qui crut pouvoir jouir de la même liberté au même prix, eut la tête tranchée[1]. Titus céda, non sans peine, aux murmures du public. La séparation fut d’autant plus cruelle que Bérénice résista. Il fallut la renvoyer[2]. Les relations de l’empereur avec Josèphe et probablement avec Hérode Agrippa restèrent ce qu’elles avaient été avant ce déchirement[3]. Bérénice elle-même revint à Rome ; mais Titus n’eut plus de rapports avec elle[4].

Les honnêtes gens se sentaient revivre. Avec des spectacles et un peu de charlatanisme on contentait le peuple[5], et on le tenait tranquille. La littérature latine, qui, depuis la mort d’Auguste, avait subi une si forte éclipse, était en voie de renaissance. Vespasien encourageait sérieusement les sciences, les lettres et les arts. Il institua les premiers professeurs payés par l’État, et fut ainsi le créateur

  1. Dion Cassius, LXVI, 15, On se demande pourtant si αὐτούς ne se rapporte pas à ἀνδρῶν. Le texte paraît mutilé.
  2. Dimisit invitus invitam. Suétone, Titus, 7 ; Dion Cassius, LXVI, 15, 18 ; Aurelius Victor, Épît., X, 7 ; Julien, Cæs., init.
  3. Il est remarquable que Josèphe n’y fait aucune allusion.
  4. Dion Cassius, LXVI, 18.
  5. C’est ce que Vespasien appelait plebeculam pascere. Suét., Vesp., 18.