Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/191

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on ; mais il n’échappa point aux tourments qu’il avait mérités[1].

Titus lui succéda sans difficulté. Sa vertu n’était pas une vertu profonde, comme celle d’Antonin ou de Marc-Aurèle. Il se forçait pour être vertueux, et quelquefois le naturel prenait le dessus[2]. Néanmoins on augurait un beau règne. Chose rare, Titus s’améliora en arrivant au pouvoir[3]. Il avait beaucoup d’empire sur lui-même, et débuta par faire à l’opinion le plus difficile des sacrifices. Bérénice renonçait moins que jamais à son espérance d’être épousée ; elle agissait en tout cas comme si elle l’eût déjà été. Sa qualité de juive, d’étrangère, de « reine », titre qui, comme celui de « roi », sonnait mal aux oreilles d’un vrai Romain et rappelait l’Orient[4], créaient à cette fortune un obstacle insurmontable. On ne parlait d’autre chose dans Rome, et plus d’une impertinence osait se produire tout haut. Un jour, en plein théâtre, un cynique nommé Diogène, qui s’était introduit dans Rome malgré les décrets d’expulsion portés contre les philosophes, se leva et, devant tout le

  1. IV Esdr., xii, 26. Peut-être rapportait-on à Vespasien le supplice du moucheron. V. ci-après, p. 153.
  2. Suétone, Titus, l, 6, 7.
  3. Suétone, Titus, 1, 7 ; Dion Cassius, LXVI, 18.
  4. V. les Apôtres, p. 247.