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évangélique, occupaient parmi les fidèles des premiers jours excitait des murmures. Ce fut l’occasion de la parabole des ouvriers de la dernière heure, récompensés à l’égal de ceux qui ont porté le poids du jour. Un mot de Jésus : « Il y a des premiers qui seront les derniers, des derniers qui seront les premiers »[1], y donna origine. Le propriétaire d’une vigne sort à diverses heures de la journée afin de racoler des ouvriers pour sa vigne. Il prend tout ce qu’il trouve, et, le soir, les derniers venus, qui n’avaient travaillé qu’une heure, sont payés autant que ceux qui avaient travaillé tout le temps[2]. La lutte des deux générations chrétiennes se voit ici avec évidence. Quand les convertis semblaient se dire avec tristesse que les places étaient prises et qu’il ne leur restait qu’une part secondaire, on leur citait cette belle parabole, d’où il résultait qu’ils n’avaient rien à envier aux anciens.

La parabole de l’ivraie signifiait aussi à sa manière cette composition mélangée du royaume, où Satan lui-même a parfois le pouvoir de jeter quelques graines. Le sénevé exprimait sa grandeur future ; le

  1. Matth., xix, 30 ; xx, 16 ; Marc, x, 31 ; Luc, xiii, 30. Ce proverbe avait cours chez les juifs messianistes dans un sens un peu différent. IV Esdr., v, 41. Voir ci-après, p. 358.
  2. Matth., xx, 1-16.