Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/299

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livre est postérieur à l’an 70[1] ; mais d’un autre côté il ne peut être de beaucoup postérieur à cette année. Sans cela les annonces sur la proximité de l’apparition du Christ dans les nues, que l’auteur du troisième Évangile copie sans broncher dans les documents plus anciens[2], seraient des non-sens. L’auteur rejette le moment du retour de Jésus à un avenir indéterminé ; « la fin »[3] est reculée le plus possible ; mais la connexion entre la catastrophe de Judée et le bouleversement du monde est maintenue[4]. L’auteur conserve également l’assertion de Jésus d’après laquelle la génération qui l’écoute ne passera pas sans que les prédictions sur la fin des temps s’accomplissent[5]. Malgré l’extrême latitude que se donnait l’exégèse apostolique dans l’interprétation des discours du Seigneur, il n’est pas admissible qu’un rédacteur aussi intelligent que l’est celui du troisième Évangile, un rédacteur qui sait si bien faire subir aux paroles de Jésus les changements exigés par les

  1. Luc, xix, 43-44 ; xxi, 20, 24 ; xxiii, 27 et suiv., etc. Cf. l’Antechrist, p. 60, note 1.
  2. Voir ci-dessus, p. 123-125, 197.
  3. Τὸ τέλος.
  4. Comp. Marc, xiii, 24 ; Matth., xxiv, 29, à Luc, xxi, 9, 23, 24, 28, 29-32. Notez Luc, xvii, 20-21. Cf. Vie de Jésus, p. xlix-l. Le trait Luc, xxi, 24, fixe l’année de la reconstruction d’Ælia Capitolina comme limite en deçà pour la composition de l’ouvrage.
  5. Luc, ix, 27.