Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/302

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l’un les origines du christianisme, l’autre la révolution juive, avec un sentiment fort analogue, modération, antipathie contre les partis extrêmes, ton officiel, impliquant plus de souci des positions à défendre que de la vérité, respect mêlé de crainte envers l’autorité romaine, dont on s’efforce de présenter les rigueurs mêmes comme des nécessités excusables, et dont on affecte d’avoir été plusieurs fois le protégé. C’est ce qui nous fait croire que le monde où vivait Luc et celui où vivait Josèphe étaient fort voisins l’un de l’autre et devaient avoir plus d’un point de contact.

Ce Théophile est inconnu d’ailleurs ; son nom peut n’être qu’une fiction[1] ou un pseudonyme pour désigner quelqu’un des adeptes puissants de l’Église de Rome, par exemple un des Clemens. Une petite préface explique nettement l’intention et la situation de l’auteur :


Plusieurs ayant déjà essayé de rédiger le récit des choses accomplies parmi nous, comme nous l’ont transmis ceux qui, dès le commencement, en ont été les témoins et les acteurs, j’ai cru bon, moi aussi, après avoir tout examiné avec soin depuis l’origine, de t’en écrire une narra-

  1. Ces adresses à des personnages imaginaires ne sont pas rares dans la première littérature chrétienne. Comp. Justin, Dial. cum Tryph., 141 ; Épître à Diognète, 1.