Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/305

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celui-ci. Luc, il est vrai, rappelle une foule de logia qui ne se lisent pas chez Marc ; mais ces logia n’étaient pas venus à sa connaissance dans l’arrangement que nous trouvons chez Matthieu. Ajoutons que les légendes de l’enfance et les généalogies n’ont dans les deux Évangiles en question rien de commun. Comment Luc se fût-il exposé de gaieté de cœur à des objections évidentes ? Cela permet de conclure que Luc ne connaissait pas notre Matthieu ; et, en effet, les essais dont il parle dans son prologue pouvaient porter des noms de disciples d’apôtres ; aucun d’eux ne portait un nom comme celui de Matthieu, puisque Luc distingue nettement les apôtres, témoins et acteurs[1] de l’histoire évangélique et auteurs de la tradition[2], des rédacteurs, qui n’ont fait que coucher par écrit la tradition à leurs risques et périls et sans titre spécial pour cela[3].

À côté du livre de Marc, Luc avait sûrement sur sa table d’autres récits du même genre[4], auxquels il fait aussi de larges emprunts. Le long morceau de ix, 51, à xviii, 14, par exemple, a été copié dans une source antérieure, car on y remarque

  1. Αὐτοπται καὶ ὑπηρέται.
  2. Καθὼς παρέδοσαν.
  3. Ἐπεχείρησαν.
  4. Luc, i, 1.