Quoique hautement admirateur de Paul[1], l’auteur est profondément juif. Jésus est simplement pour lui « l’enfant aimé de Dieu », « le grand prêtre, le chef des chrétiens »[2]. Loin de rompre avec le judaïsme, il conserve dans son intégrité le privilège d’Israël ; seulement un nouveau peuple choisi parmi les gentils est adjoint à Israël. Toutes les prescriptions antiques gardent leur force, bien que détournées de leur sens primitif[3]. Tandis que Paul abroge, Clément conserve et transforme. Ce qu’il veut avant tout, c’est la concorde, l’uniformité, la règle, l’ordre dans l’Église comme dans la nature[4] et dans l’empire romain[5]. L’armée lui paraît le modèle de l’Église[6]. Obéir chacun dans son rang, voilà la loi du monde. Les petits ne peuvent exister sans les grands, ni les grands sans les petits ; la vie du corps est la résultante de l’action commune de tous les membres. L’obéissance est donc le résumé, le synonyme du mot « devoir ». L’inégalité des hommes, la subordi-
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